En hommage à l’exemple suisse : une réflexion sur la souveraineté, la neutralité et la dignité
- 1 août
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1er août – En hommage à l’exemple suisse : une réflexion sur la souveraineté, la neutralité et la dignité
Aujourd’hui, premier août, nous commémorons la fondation de la Confédération suisse. En 1291, les trois cantons originels—Uri, Schwyz et Unterwald—jurèrent une alliance d’assistance mutuelle et de liberté. Ce n’était pas encore la création formelle d’un État, mais la naissance d’une identité politique souveraine, indépendante et neutre, connue plus tard sous le nom d’Eidgenossenschaft, une fraternité de serments et d’honneur partagé.

La Suisse moderne incarne pleinement l’idée même de la neutralité—non pas comme passivité ou indifférence, mais comme position active de souveraineté. C’est une nation qui ne se soumet pas à des centres de pouvoir extérieurs, qui rejette l’imposition, et qui fonde son système politique sur la démocratie directe et le pluralisme. Son organisation fédérale n’est pas une faiblesse, mais une harmonie fondée sur le respect mutuel de l’autonomie locale. Voilà la véritable sagesse suisse—et elle devrait aussi être celle du Rite Écossais Ancien et Accepté.
Le Suprême Conseil du 33° degré pour la Grèce adresse ses félicitations les plus sincères au peuple et au gouvernement de la Confédération suisse. Nous saluons leur indépendance, leur respect pour la volonté démocratique et leur engagement indéfectible envers le principe : « aucune décision sur nous sans nous ». La Suisse est pour nous un modèle et une source d’inspiration.
Notre lien avec la Suisse n’est pas seulement institutionnel ou idéologique : il est aussi profondément personnel.Le Souverain Grand Commandeur, Emmanouil Gerakios, a étudié le droit à Zurich, et le Grand Trésorier Général, Vasileios Katsampas, a été formé à l’École Polytechnique Fédérale de Zurich (ETH Zürich) — deux parcours grecs façonnés dans l’atmosphère de liberté, d’excellence académique et de civisme suisse.
Mais les louanges ne suffisent pas.
Quand la neutralité disparaît – et que la souveraineté est piétinée
En réfléchissant aujourd’hui aux notions de souveraineté et de neutralité, nous devons, hélas, porter notre regard inquiet sur la scène mondiale du Rite Écossais Ancien et Accepté.
Nous constatons que le respect de la souveraineté des Suprêmes Conseils—pierre angulaire du REAA international selon les Grands Principes Constitutionnels de 1786—est de plus en plus bafoué. Certains Suprêmes Conseils européens se sont arrogé le droit d’envahir, d’usurper, de remplacer, de diviser, agissant en instruments de domination plutôt qu’en gardiens de l’harmonie fraternelle. Ce faisant, ils foulent aux pieds les principes fondamentaux de reconnaissance mutuelle, d’égalité et de légitimité historique.
Ce n’est pas une inquiétude abstraite, mais une réalité bien concrète :
Roumanie : Un Suprême Conseil historique soumis à une pression extérieure constante.
Bulgarie : Sa cohésion interne ébranlée par des « missions » étrangères.
République Tchèque et France : Territoires où la frontière entre aide et ingérence a disparu.
Grèce : Après de longues années de lutte judiciaire pour défendre sa continuité historique et sa souveraineté, elle a vu surgir un faux Suprême Conseil, en représailles à sa ténacité et à sa fidélité au droit maçonnique.
Italie : Déchirée par des ambitions fratricides.
Le plus troublant—ou peut-être le plus révélateur—est que derrière cette dissonance, l’on entend la même chorale : un système d’imposition qui invoque la pureté maçonnique, mais qui, dans la pratique, instrumentalise le Rite à des fins géopolitiques, internes ou personnelles.
L’histoire comme maître – Le silence comme complicité
Malheureusement, les voix qui protestent sont rares. Beaucoup préfèrent le silence à la lutte. Ils choisissent une « paix » éphémère plutôt que la justice institutionnelle. Mais le silence face à l’injustice n’est pas de la neutralité : c’est de la complicité.
Si cette tendance se poursuit—et l’histoire, hélas, nous enseigne qu’elle le fera—alors, dans le chaos qui s’ensuivra, nous regretterons l’ordre que nous aurons abandonné. Et comme tant de fois, la génération suivante cherchera dans nos choix les causes de la décadence.

Revenons donc à l’exemple de la Suisse : un pays neutre mais pas muet, souverain mais pas dominateur, pluraliste mais pas désordonné. Une nation qui nous enseigne que l’unité ne se fonde pas sur l’imposition, mais sur l’accord ; et que la paix naît du respect mutuel, non de la peur.
Si le Rite Écossais Ancien et Accepté veut survivre—non comme instrument d’influence, mais comme véritable voie spirituelle—il doit se rappeler ce qui est fondamental :« Aucun Suprême Conseil n’a le droit d’établir ou de remplacer un autre sur un territoire où existe déjà un Suprême Conseil régulièrement constitué. »(Grand Principe Constitutionnel, Paris 1875)
Que la Suisse soit notre exemple—et que nous sauvions le REAA de la dérive autoritaire et de la désintégration fraternelle.
Si pas maintenant, quand ?Si pas nous, qui ?
Avec préoccupation et sens du devoir fraternel,Emmanouil Gerakios 33°Souverain Grand Commandeur pour la Grèce
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